"Décorps" de Marion Lasserre - Quand l'Art Rencontre les Arts Martiaux - Une Collaboration Inédite pour les Jeux Olympiques"
Les arts martiaux vietnamiens ne sont pas une discipline olympique… dommage… cependant les pratiquants d’arts martiaux vietnamiens ont des qualités sportives, physiques et cognitives tout à fait remarquables qui peuvent être mis en valeur sous d’autres angles.
Comment le Viêt Võ Dao peut exister aux yeux du grand public sans être médiatisé comme peuvent l’être le Judo, le Taekwondo, la Boxe?
Notre fédération, la Fédération Sportive et Culturelle de France, nous a sollicité pour candidater à un appel à projet national artistique et culturel.
Le Centre Thiêu Lâm a été sélectionné dans le cadre de l'appel à projet national "Cours, Saute, Filme, Regarde !" pour la mise en œuvre d'une des 4 résidences d'artistes par le Centre National des Arts Plastiques (CNAP) et l'Archipel des Lucioles dans le cadre de l’héritage des Jeux Olympiques de Paris 2024.
Le jury national a été séduit par :
L'originalité des disciplines sportives que notre association propose, mettant en avant les disciplines asiatiques et leurs aspects philosophiques.
Les connexions possibles avec d'autres thématiques telles que les transferts culturels.
Son emplacement stratégique sur la commune de Blagnac, et plus précisemment l'éco-quartier Andromède, en lien avec un écosystème où évoluent d'autres acteurs culturels et audiovisuels, favorisant ainsi les collaborations et les actions transversales.
Le mardi 3 avril 2024 à Odyssud à Blagnac a eu lieu le vernissage de son oeuvre “DECORPS” de Marion Lasserre, artiste émérite aux nombreuses facettes. Les très nombreux spectateurs ont pu profiter de l’exposition de ses oeuvres en résine en 3D, et de la présentation du film réalisé autour des arts martiaux sino-vietnamiens avec de la motion capture “DECORPS”.
Marion Lasserre, accompagné de Jonatan ALBOUY (professeur d’arts martiaux et de médiation Jeunesse), a également animé auprès de jeunes publics scolaires et péri-scolaires des ateliers de médiation les mercredi 27 mars et le mercredi 4 avril 2024.
Jonatan nous raconte son expérience : "La présence de Marion m'a permis de m'ouvrir l'esprit sur un univers dont j'ignorais tout, son travail a éveillé ma curiosité ainsi que celle des élèves. Le matériel HI-tec et le discours sur le lien entre le monde des sciences et le monde des arts a suscité de nombreuses réflexions stimulantes."
Avant cela, Marion Lasserre est venue fois 3 fois sur Blagnac pour réaliser son film. Des élèves du Centre Thiêu Lâm ont revêtu la tenue de capture de mouvement et ont réalisé leurs enchaînements traditionnels du Vietnam. Tous les mouvements issus de ces enchaînements traditionnels ont ainsi été capturés.
Marion s’explique sur son projet artistique :
L'idée principale du projet Décorps réside dans l'utilisation de multiples sources de données pour créer un film sensoriel qui imagine de nouvelles perspectives sur le corps dans la société technologique moderne.
Pour cela, j'ai combiné capture de mouvement, caméra thermiques, ondes EEG et capteurs sonores.
Au Centre Thiêu Lâm, j'ai collaboré avec plusieurs pratiquants pour "enregistrer" leurs mouvements et leurs enchaînements. Une fois les mouvements enregistrés, il s'agissait de les traduire sur un squelette virtuel, de les superposer à un corps, puis de peaufiner les mouvements image par image. Le projet a beaucoup évolué au cours de l’année, au fil des discussions et d’observations.
Sur l’écran, j’ai commencé à réaliser que le mouvement du corps dans les arts martiaux pouvait s’apparenter à une forme d’écriture, un portail vers de nouveaux imaginaires.
La résidence au Centre a été une expérience vraiment fantastique, et je tiens à remercier tous les enseignants et élèves pour avoir généreusement partagé leur temps, leur expertise et leur passion avec moi. À travers mes journées passées au centre, j'ai compris qu' au-delà d'être simplement un sport, la pratique des arts martiaux permet aux individus de se rassembler et de rêver ensemble en tant que communauté, renouant, ne serait-ce que le temps d'un cours, avec des pratiques et des imaginaires ancestraux.
Les ateliers de médiation avec Jonatan ont été l'occasion d'expliquer les synergies entre arts martiaux et arts, le fonctionnement et l'évolution de la technologie de capture de mouvement, étroitement liée au développement du cinéma. A l'invention de la chronophotographie, le sport et l'image étaient déjà intrinsèquement liés.
Nando Gizzi, chargé d’éducation à l’image à L’archipel des Lucioles, porteur du projet, nous décrit l’importance de cette résidence d’artiste.
« La résidence de Marion Lasserre au Centre Thiêu Lâm à Blagnac fait partie d’un projet plus vaste que notre association d’éducation aux images – L’Archipel des Lucioles – a conçu et construit en partenariat avec le Centre National des Arts Plastiques (Cnap), en profitant aussi de l’occasion unique que l’organisation des Jeux olympiques et paralympiques à Paris cette année et le lancement de l’opération de l’Olympiade culturelle promettaient.
L’idée à la base du projet était simple, et consistait à faire se rencontrer deux mondes qui sont normalement pensés comme distants, si non carrément opposés : le monde du sport et celui de la culture - dans notre cas s’agissant plus particulièrement de culture cinématographique et création audiovisuelle, qui représentent le cœur de notre métier.
Après une phase de double appel à candidature (un appel pour repérer et choisir les équipements sportifs qui seraient devenus les lieux d’accueil des résidences ; puis un appel pour les créateur.trices), nous avons donc invité quatre artistes à regarder « depuis les tribunes » des moments et des lieux du sport, pour la réalisation de quatre œuvres audiovisuelles originales.
Qu’est-ce qui pouvait naître de cette rencontre – la rencontre du regard de chaque artiste avec une certaine discipline sportive, sa pratique et sa philosophie, mais aussi avec les personnes qui animent et fréquentent les lieux où cette discipline est pratiquée ? Que pouvait générer l’immersion de l’artiste dans la vie des clubs et des villes d’accueil ?
Nous sommes resté·es très ouvert.es et confiant.es sur la forme que la réponse à ces questions pouvait prendre, intéressé.es surtout à accompagner chaque projet dans les aspects pratiques de sa faisabilité et nous laisser surprendre…
Et la « magie » qui s’est générée de la rencontre entre Marion et le Centre Thiêu Lâm à Blagnac, en particulier avec David et avec un certain nombre de jeunes adhérent.es, a largement dépassé nos attentes…
Depuis les tribunes, le regard de Marion a parcouru un itinéraire incroyablement aventureux et passionnant, et abandonnant l’extériorité de sa situation et de sa position initiales, ce regard nous a livré une œuvre poétique et intense, où les corps se subliment dans des gestes calligraphiques dotés d’une charge presque spirituelle… »